Les obligations convertibles sont un produit hybride et asymétrique, qui permettrait de profiter de la hausse d’une action tout en étant protégé en cas de baisse. La promesse est belle mais qu’en est-il réellement ?
Sommaire
Une obligation convertible est une obligation assortie d’une option qui donne la possibilité de convertir l’obligation en une ou plusieurs actions (selon la parité) de la société émettrice.
Une obligation convertible peut s’analyser financièrement comme la combinaison d’une obligation sèche et d’une option d’achat sur les actions de l’émetteur.
Le détenteur d’une obligation convertible aura intérêt à exercer son droit de conversion si la valeur de conversion (cours du sous-jacent multiplié par la parité) est supérieure à la valeur de la partie obligataire.
Avec une obligation convertible, l’investisseur profitera de la hausse du cours d’une action tout en étant en partie protégé contre le risque de chute du cours de l’action. Il pourra toujours utiliser son titre comme une obligation classique, en percevant les coupons puis le remboursement final.
La capacité à se protéger contre la baisse du cours de l’action tout en profitant d’une partie de la hausse, s’appelle la convexité.
En général, le prix de l’obligation convertible évolue de manière analogue à celle d’une obligation classique lorsque le cours de l’action sous-jacente se situe sous le seuil de conversion : cela correspond à la valeur nue (la valeur du droit de conversion est quasi nulle). Au-delà du prix de conversion, l’évolution de l’obligation convertible est plus proche de celle de l’action sous-jacente puisqu’à ce niveau de prix il est intéressant d’exercer son droit de conversion.
De son émission à sa maturité, une obligation convertible peut correspondre à trois types de placements financiers différents en fonction de l’évolution de son sous-jacent (le cours de l’action de l’émetteur) :
Si elle est acquise au bon moment (dans la bonne zone de prix), une obligation convertible peut donc offrir des perspectives de hausse significatives et une protection à la baisse. Qu’en est-il des OPCVM spécialisés dans les obligations convertibles ?
Quantalys fournit des statistiques depuis 2012 sur différentes catégories de fonds, dont les obligations convertibles. En plus de la catégorie globale « Obligations convertibles », quatre sous-catégories sont proposées :
La catégorie Obligations convertibles affiche un rendement annuel moyen de 3,12 % et une volatilité de 6,23 % sur la période 2012-2023. Ces résultats masquent cependant des performances contrastées selon les sous-catégories puisque leur performance annuelle moyenne est comprise entre 1,79 % (volatilité de 5,91 %) et 6,04 % (volatilité de 10,03 %).
Les plus fidèles d’entre vous auront remarqué que les obligations convertibles USD affichent les performances cibles du défi 6 %. Un pur hasard qui méritait d’être signalé.
Au vu de ces performances, seules les obligations convertibles USD et les obligations convertibles Monde semblent présenter un réel intérêt. Les autres sous-catégories se différencient trop peu en termes de rendement d’un fonds en euros pour accepter la prise de risque correspondante.
Les performances des obligations convertibles (USD et Monde) sont intéressantes mais ont-elles pour autant leur place au sein d’un portefeuille ?
L’examen des corrélations des obligations convertibles avec les actions et les obligations montre que les obligations convertibles sont plus corrélées avec les actions qu’avec les obligations. Leur rôle protecteur est moindre que celui des obligations (lui même moindre que celui du fondsen euros) mais par contre, leur performance est supérieure.
Les obligations convertibles (USD et Monde) peuvent constituer un moteur de performance intéressant pour ceux qui sont réticents à investir sur les marchés actions. Pour les autres, les obligations convertibles ne présenteront que peu d’intérêt. Ils trouveront plus de performance dans les actions, et plus de sécurité dans les fonds en euros.
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Titulaire d'un master en gestion de patrimoine et docteur en économie.