Les spéculateurs financiers sont accusés de tous les maux, et notamment d’avoir transformé la finance en un immense casino, de percevoir des rémunérations astronomiques et indécentes, et de freiner le financement de l’économie « réelle » (seule créatrice de richesses et d’emplois). En conséquence, personne ne le conteste plus : la spéculation, c’est (très) mal. Même François Hollande a déclaré que la Finance était son ennemi (extrait vidéo). Et si la spéculation n’était pas si mauvaise ?
Sommaire
C’est l’économiste Nicholas Kaldor qui a livré en 1939 la meilleure définition de la spéculation :
« achat ou vente de biens avec intention de revente (ou de rachat) à une date ultérieure, lorsque l’action est motivée par l’espoir d’une modification du prix en vigueur et non par l’avantage lié à l’usage du bien. »
La spéculation consiste donc à dégager un profit à partir des variations de prix. Il s’agira de vendre plus cher qu’on a acheté ou acheter moins cher qu’on a vendu (opérations à découvert). La spéculation est donc un pari sur l’avenir. A ce titre, c’est une activité risquée.
source Fondation Croissance Responsable
Dès lors que nous fondons certaines de nos décisions d’achat sur des hypothèses d’évolutions de prix, nous pourrions donc être considérés comme des spéculateurs.
Néanmoins, ce comportement « spéculatif » reste secondaire et doit être distingué de la spéculation « pure » : Il s’agit juste ici d’acheter au bon moment. Contrairement à la spéculation « pure », un avantage est retiré de l’usage du bien. De plus, il n’y a pas d’intention de revente pour en retirer un profit.
Par ailleurs, tous les paris sur l’avenir ne sont pas des spéculations. Un investisseur peut croire à la rentabilité de son projet sans envisager nécessairement une revente à terme. Ainsi par exemple, un investisseur immobilier qui souhaite disposer de revenus complémentaires ne peut être considéré comme un spéculateur. En revanche, l’investisseur immobilier qui envisage de se constituer un capital par la revente de son bien et la plus value dégagée est un spéculateur. La décision de revente est déjà prise avant l’achat.
La spéculation est donc une activité qui répond à des objectifs et des motivations précises. Il ne s’agit pas seulement d’un pari sur l’avenir ou de la volonté d’acheter « au bon moment ».
La spéculation est un pur pari sur des évolutions de prix, c’est une opération « stérile ». On peut le regretter mais ce n’est ni bien ni mal. C’est simplement risqué. Et comme toute activité risquée, la spéculation peut-être fortement rémunératrice.
Par ailleurs, la spéculation possède certains avantages :
Pour vous convaincre de l’utilité de la spéculation (mais aussi de ses risques), n’hésitez pas à visionner les explications fournies par Dominique Plihon, économiste et expert reconnu. Il est par ailleurs membre des Economistes Attérés et à ce titre peu suspect de complaisance envers les marchés financiers.
source La finance pour tous
Doit-on pour autant laisser libre cours aux spéculateurs ? Non, car comme toute activité risquée et rémunératrice, l’appât du gain conduit certains spéculateurs à réduire les risques tout en maintenant leurs profits. Comment ? En manipulant les prix ou en masquant les risques.
Faut-il dès lors empêcher la spéculation ? C’est impossible. On ne peut en revanche qu’être favorable à un encadrement et à une régulation des activités spéculatives. La publication le 12 juin 2014 au Journal officiel de l’Union européenne, de la Directive sur les marchés d’instruments financiers (MiFID 2) et du Règlement sur les marchés d’instruments financiers (MiFIR) est donc une bonne nouvelle. Le nouveau cadre a pour objectif de rendre les marchés financiers plus efficaces, plus souples et plus transparents. Il offre par ailleurs des avancées en matière de contrôle des dérives spéculatives sur les marchés des matières premières agricoles.
***
Si la spéculation est acceptable, la manipulation ne l’est pas. Et n’oubliez jamais que la spéculation (y compris immobilière) est une activité risquée, déconseillée à ceux que la perspective d’une perte en capital effraie.
Titulaire d'un master en gestion de patrimoine et docteur en économie.