Epargner ou investir ?

par Arnaud Sylvain | Finances personnelles

Juin 13

Épargner ou investir, faut-il choisir ?

Lorsqu’il s’agit de placer de l’argent, difficile de savoir s’il est préférable de l’épargner ou de l’investir. Si l’épargne et l’investissement sont deux notions proches, il n’est pas si simple d’expliquer précisément ce qu’elles recouvrent et ce qui les différencie. Faut-il choisir entre épargner ou investir ou peut-on épargner et investir ?

 

Sommaire


 

Seul l’investissement permet de s’enrichir

En parcourant internet pour essayer de saisir la différence entre investir et épargner, une séparation assez nette apparaît : ce qui différencie l’épargne de l’investissement, c’est le degré de risque. L’investissement se caractérise par un risque et donc un rendement élevés, l’épargne par un risque et donc un rendement faibles. Ilustration :

« L’entrepreneur défriche un marché et investit à contre-courant pour finalement obtenir des rentabilités incroyables (ou tout perdre, c’est le revers de la médaille de la prise de risque), l’épargnant se contente de placer son argent et d’attendre un revenu. » (Guillaume Fonteneau, Le Blog Patrimoine, Pour devenir riche, il ne faut pas épargner, il faut investir !)

 

« Rien ne sert de beaucoup épargner ; il faut bien investir » (Mathieu Bouville, Yomoni.fr)

 

« La différence avec l’épargne réside dans le fait qu’investir implique un certain degré de risque lié au support d’investissement retenu » (Anna Petroff, Morningstar.fr, Epargner ou investir, faut-il choisir ?)

 

Il semblerait donc que le couple rendement/risque soit le critère permettant de différencier l’épargne de l’investissement. A l’épargne la sécurité (et un rendement faible), à l’investissement le rendement (en contrepartie d’un risque élevé). L’épargne pour les frileux, l’investissement pour les plus courageux. Par ailleurs, les deux seraient substituables.

Cette approche partagée ne paraît cependant pas totalement satisfaisante. Tout d’abord, si le couple rendement risque distingue l’épargne de l’investissement, où se situe la limite ? Est-ce une limite absolue commune à tous les individus ou une limite relative propre à chaque individu ?

Par ailleurs, quel serait le statut d’un produit sans risque procurant un rendement élevé qui permettrait de devenir riche (ce produit que nous recherchons tous fébrilement alors même que nous savons qu’il n’existe pas ;-) ) ? Epargne ou investissement ?

 

Le rendement n’est pas le premier objectif de l’épargne

Lorsqu’on se penche sur la définition de l’épargne et de l’investissement, il apparaît que le rendement est bien la finalité de l’investissement. Ainsi, investir signifie « placer des fonds dans quelque chose en vue d’en tirer un bénéfice« .

L’épargne en revanche ne se définit pas par rapport au risque ou à la sécurité. L’épargne est la fraction non consommée du revenu. Elle peut donc être placée sur tous types de support en fonction de son objectif. Contrairement à l’investissement dont l’objectif est la recherche de bénéfices, l’épargne répond à des motivations multiples :

  • L’épargne de précaution vise à financer les dépenses de consommation à venir ou imprévues, les décalages de trésorerie ou encore les impôts. Cette épargne doit être investie sur des supports garantissant une disponibilité immédiate des sommes épargnées.
  • L’épargne projet est constituée pour financer des projets tels que l’acquisition d’un véhicule, d’une résidence principale ou secondaire, un projet professionnel ou personnel exceptionnel, ou encore le financement des études des enfants. L’horizon temporel restant limité, cette épargne doit être investie sur des supports peu risqués afin de limiter une éventuelle perte en capital.
  • L’épargne patrimoine/retraite vise à se constituer un capital en vue d’objectifs de long terme. Comme l’horizon temporel est lointain, un rendement élevé pourra être recherché. Pour faire fructifier au mieux cette épargne, vous pouvez faire appel à différentes catégories de professionnels (conseillers bancaire, CGP, CIF…)
 

Épargner d’abord, investir ensuite

S’il existe une épargne qui peut être arbitrée en fonction de son niveau de risque, s’il existe un choix entre « épargne » et « investissement », il concerne la seule épargne de long terme. Or celle-ci doit se constituer après l’épargne de précaution et l’épargne projet. Il ne s’agit donc pas d’épargner ou d’investir mais bien plutôt d’épargner puis d’investir.

Dans un contexte où la prise de risque est préconisée via le développement des unités de compte et où l’investissement immobilier est parfois présenté comme une solution d’épargne (non risquée), il est important de rappeler quelques fondamentaux :

  • Trois types d’épargne peuvent être distingués : l’épargne de précaution, l’épargne projet et l’épargne de long terme.
  • L’épargne de précaution et l’épargne projet n’ont pas vocation à fournir un rendement élevé. Elles se suffisent à elles-mêmes et ne doivent pas être arbitrées en faveur d’un support risqué, quel qu’il soit.
  • L’épargne de précaution et l’épargne projet doivent être constituées avant l’épargne de long terme, seule épargne qui pourra s’investir. Il conviendra donc d’épargner sur des supports sans risque avant d’investir sur des supports éventuellement plus rémunérateurs, en fonction de votre profil d’investisseur.

Vous l’aurez compris, n’investissez pas avant de vous être constitués une épargne de précaution.

 
Arnaud Sylvain, conseiller financier indépendant

Titulaire d'un master en gestion de patrimoine et docteur en économie.

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