Lorsqu’il s’agit de placer de l’argent, difficile de savoir s’il est préférable de l’épargner ou de l’investir. Si l’épargne et l’investissement sont deux notions proches, il n’est pas si simple d’expliquer précisément ce qu’elles recouvrent et ce qui les différencie. Faut-il choisir entre épargner ou investir ou peut-on épargner et investir ?
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En parcourant internet pour essayer de saisir la différence entre investir et épargner, une séparation assez nette apparaît : ce qui différencie l’épargne de l’investissement, c’est le degré de risque. L’investissement se caractérise par un risque et donc un rendement élevés, l’épargne par un risque et donc un rendement faibles. Ilustration :
« L’entrepreneur défriche un marché et investit à contre-courant pour finalement obtenir des rentabilités incroyables (ou tout perdre, c’est le revers de la médaille de la prise de risque), l’épargnant se contente de placer son argent et d’attendre un revenu. » (Guillaume Fonteneau, Le Blog Patrimoine, Pour devenir riche, il ne faut pas épargner, il faut investir !)
« Rien ne sert de beaucoup épargner ; il faut bien investir » (Mathieu Bouville, Yomoni.fr)
« La différence avec l’épargne réside dans le fait qu’investir implique un certain degré de risque lié au support d’investissement retenu » (Anna Petroff, Morningstar.fr, Epargner ou investir, faut-il choisir ?)
Il semblerait donc que le couple rendement/risque soit le critère permettant de différencier l’épargne de l’investissement. A l’épargne la sécurité (et un rendement faible), à l’investissement le rendement (en contrepartie d’un risque élevé). L’épargne pour les frileux, l’investissement pour les plus courageux. Par ailleurs, les deux seraient substituables.
Cette approche partagée ne paraît cependant pas totalement satisfaisante. Tout d’abord, si le couple rendement risque distingue l’épargne de l’investissement, où se situe la limite ? Est-ce une limite absolue commune à tous les individus ou une limite relative propre à chaque individu ?
Par ailleurs, quel serait le statut d’un produit sans risque procurant un rendement élevé qui permettrait de devenir riche (ce produit que nous recherchons tous fébrilement alors même que nous savons qu’il n’existe pas ;-) ) ? Epargne ou investissement ?
Lorsqu’on se penche sur la définition de l’épargne et de l’investissement, il apparaît que le rendement est bien la finalité de l’investissement. Ainsi, investir signifie « placer des fonds dans quelque chose en vue d’en tirer un bénéfice« .
L’épargne en revanche ne se définit pas par rapport au risque ou à la sécurité. L’épargne est la fraction non consommée du revenu. Elle peut donc être placée sur tous types de support en fonction de son objectif. Contrairement à l’investissement dont l’objectif est la recherche de bénéfices, l’épargne répond à des motivations multiples :
S’il existe une épargne qui peut être arbitrée en fonction de son niveau de risque, s’il existe un choix entre « épargne » et « investissement », il concerne la seule épargne de long terme. Or celle-ci doit se constituer après l’épargne de précaution et l’épargne projet. Il ne s’agit donc pas d’épargner ou d’investir mais bien plutôt d’épargner puis d’investir.
Dans un contexte où la prise de risque est préconisée via le développement des unités de compte et où l’investissement immobilier est parfois présenté comme une solution d’épargne (non risquée), il est important de rappeler quelques fondamentaux :
Vous l’aurez compris, n’investissez pas avant de vous être constitués une épargne de précaution.
Titulaire d'un master en gestion de patrimoine et docteur en économie.