Lorsque vous placez votre argent pour le faire fructifier sur les marchés financiers, deux choix s’offrent à vous : spéculer ou investir. Comment choisir ?
L’investisseur et le spéculateur partagent le même objectif (gagner de l’argent) mais mettent en place des stratégies opposées pour y parvenir : le spéculateur parie sur la volatilité des marchés tandis que l’investisseur fait confiance aux tendances de moyen-long terme.
La spéculation partage avec l’investissement un même objectif : la recherche de rendement. Lorsque vous investissez ou que vous spéculez, c’est pour gagner de l’argent. En revanche, il existe plusieurs différences de fond entre ces deux approches.
Alors que la spéculation recherche des gains rapides, l’investissement est plutôt orienté vers le long terme. Le spéculateur raisonne en jours ou en semaines, l’investisseur en années.
La spéculation est un pari à court terme sur l’évolution des prix, tandis que l’investissement mise sur la valorisation à long terme des entreprises. La spéculation tire ses gains des fluctuations de court terme tandis que l’investissement profite de la tendance de long terme positive des actifs.
Il en découle que le spéculateur aura tendance à multiplier les ordres d’achat et de vente pour dégager des plus values rapidement. L’investisseur en revanche se montrera plus patient… Voire paresseux.
Le spéculateur achète pour revendre. L’investisseur achète et conserve.
Par conséquent, les spéculateurs mobiliseront des outils et des supports permettant d’acheter et de vendre rapidement mais aussi de gagner (ou perdre) plus. Ils utiliseront par exemple l’effet de levier via des produits dérivés et la vente à découvert (VAD) au sein d’un compte titres. Ils investiront dans des supports très volatils (actions, ETF à effet de levier, crypto-monnaies).
Les investisseurs, eux, auront plutôt tendance à investir dans des contrats d’assurance vie en unités de compte (opcvm, sicav, fcp) et fonds en euros pour bénéficier d’une fiscalité allégée et d’une imposition et de prélèvements sociaux sur les gains qui ne se matérialisent qu’à la sortie du contrat. Ils pourront aussi mettre en place des versements programmés pour se constituer un capital au fil du temps.
La spéculation est un pari sur des évolutions à court terme. L’objectif n’est pas tant de comprendre ces évolutions que de les anticiper. C’est une démarche très risquée qui s’assimile peu ou prou à un pari.
Investir est en revanche une décision qui se prend après une analyse approfondie. S’il est risqué, c’est en connaissance de cause. Cela permet une prise de risque calibrée en fonction du profil de risque et des objectifs de l’investisseur. Attention cependant, « prise de risque calibrée » ne signifie pas absence de risque. Vous pouvez aussi perdre de l’argent avec vos investissements.
C’est la raison pour laquelle la spéculation accorde une importance si grande au market timing (la tentative de prévoir la direction du marché) alors que l’investissement s’en préoccupe assez peu.
C’est parce que le market timing est particulièrement difficile que la spéculation est une activité très risquée pour les particuliers non professionnels des marchés financiers. Elle est donc à réserver aux plus audacieux, avec des montants qui restent raisonnables.
Il faut noter que c’est aussi parce que le market timing est compliqué que la gestion passive s’est développée. Alors que la gestion active utilise le market timing pour battre le marché, la gestion passive considère que c’est trop aléatoire et préfère se contenter des performances du marché.
Non, pas nécessairement.
Ce qui détermine le risque que vous prenez, ce n’est pas la stratégie que vous retenez. C’est votre tolérance au risque.
Néanmoins, force est de constater que s’il y a des investisseurs qui prennent des risques élevés à long terme, il y a peu de spéculateurs qui prennent peu de risques à court terme.
Pourquoi ? Parce que peu de risque à court terme, ce n’est pas rentable. Ce n’est ni spéculer, ni investir. C’est épargner.
La spéculation est souvent mal considérée et assimilée à une activité stérile, voire nuisible. L’investissement serait quant à lui une activité noble qui soutiendrait la croissance.
Il ne faut cependant pas oublier que la spéculation peut être utile à plusieurs titres :
Par ailleurs, nombreux sont ceux qui se pensent investisseurs et se comportent comme des spéculateurs en recherchant des opportunités de gain à court terme, en ne réfléchissant pas suffisamment, etc.
Ainsi, les investisseurs sont nombreux à pratiquer le market timing, approche plutôt spéculative.
La frontière entre investissement et spéculation est plus poreuse qu’il n’y paraît. Il n’est pas question de morale ni d’utilité entre ces deux approches mais plutôt de réflexion et d’analyse. Ainsi, comme le souligne Benjamin Graham, considéré parfois comme l’investisseur le plus doué de la planète,
« Une opération d’investissement est de celles qui, après analyse approfondie, promettent une bonne garantie sur le principal ainsi qu’une rentabilité adéquate. Les opérations ne satisfaisant pas à ces critères seront considérées comme spéculatives. »
Si le risque ne vous fait pas peur et que vous recherchez des gains rapides, nul doute que la spéculation vous attire. Ayez néanmoins bien conscience que sans connaissances ni formation, vos chances de réussite seront infimes.
Si vous cherchez à vous constituer un capital sur le long terme sans risquer la ruine, alors vous êtes plutôt un investisseur.
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Année après année, les soubresauts des marchés financiers ont démontré la sagesse et la pertinence des stratégies d’investissement de Graham. Tout en préservant l’intégralité du texte original, cette édition révisée inclut des commentaires du journaliste financier Jason Zweig, mettant en perspective le texte avec l’actualité financière et des annotations de Didier Coutton, professeur de finance, pour éclairer le lecteur sur la façon d’appliquer les principes de Graham.
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Titulaire d'un master en gestion de patrimoine et docteur en économie.